Coaching… Vous avez déjà entendu ce mot, j’en suis sûr. On l’aperçoit –pour le meilleur ou le pire– sur les réseaux sociaux, dans les magazines spécialisés, parfois dans la presse généraliste, ainsi que dans les autres médias. On entend aussi ce mot sortir de la bouche des gestionnaires et même de tout un chacun lorsqu’on parle du coaching de vie, ou de life coaching. Vous êtes vous déjà demandé quel était le sens du mot du coaching ? Et son origine ? Allez, faites vos paris !
- Il s’agit d’un anglicisme !
- Oui, et non…
- C’est issu du monde sportif !
- Oui, mais pas que…
- Une invention récente ?
- Plutôt ancien, mais ça dépend du sens qu’on prête à coaching…
- Alors c’est … ?!
- …
Abordons alors l’étymologie de ce mot pour en découvrir d’avantage et remonter le temps. Le tout premier élément à retenir est que coaching est un mot qui est lié au voyage. Métaphoriquement, mais aussi physiquement. En effet, dans le plus grand désordre historique, le mot a traversé la Manche, l’Atlantique et en tout cas moitié du continent européen. Son histoire commence par une migration au début de la Renaissance.
Je vous ai perdu ? Pourtant un des buts de cette méthode est d’aider les gens à retrouver leur chemin… Mais c’est vrai que parfois cela peut être déboussolant… Allez, on commence par le début, la définition du mot coaching selon une des associations faîtières internationales.
« ICF définit le coaching comme une alliance entre le coach et ses clients dans un processus qui suscite chez eux réflexion et créativité afin de maximiser leur potentiel personnel et professionnel. »
International Coaching Federation – chapitre France
Comment en est-on arrivé là ?
Le mot coaching est l’activité du coach (Larousse en ligne). Les premières apparition du mot coach dans la langue françaises datent de la fin des années 1960. Le mot est alors importé dans l’anglais et désigne alors l’entraîneur d’une équipe de sport. Dans les années 1980, le mot est doté d’une seconde définition dans le sens proposé dans la citation ci-dessus. Il fait son apparition dans les grandes entreprises, importé par des multinationales ou dans les valises de gestionnaires formés dans les écoles de commerce étasuniennes.
Le rôle du coach est de coacher, il s’agit de la francisation du verbe anglais to coach. Selon l’Oxford Learner’s Dictonary to coach signifie entraîner une personne à jouer à un sport, à être meilleur dans une tâche, à améliorer une compétence. Ce verbe peut également signifier donner des cours à un·e étudiant·e dans un sujet particulier pour l’aider à réussir un examen. Le verbe a également un troisième sens, monter dans un certain type de véhicule nommé coach.
Coach – le véhicule
Petit détour dans le domaine des transports, avant de continuer notre voyage. Le mot coach fait donc référence à la personne qui pratique le coaching, mais également à un véhicule. Et c\’est le sens historique de ce terme qui est présent depuis le 16ème siècle en Angleterre. Un coach est un véhicule, plutôt confortable, qui transporte des voyageurs sur une longue distance. A l\’origine il s\’agit d\’un véhicule hippomobile clos qui dispose de 2 essieux et comporte des portes latérales.
Le mot évolue avec les inventions qui apparaissent tout au long de la révolution industrielle. Au 19ème siècle, un coach désigne une voiture de chemin de fer. Peu à peu le cheval disparaît des principaux axes de circulation, mais le mot coach subsiste. De la voiture hippomobile, le coach désigne à présent un autobus ou autocar.
Image par Freedommail de Pixabay
Le coach – l’humain
Revenons à to coach, au 18ème siècle ce verbe acquière une seconde signification dans la langue anglaise. Il est employé de façon argotique par des enseignants de l’Université d’Oxford pour imager »accompagnement des étudiants, les faire réussir un examen.
L’utilisation moderne de l’action du verbe to coach dans le sens de faire progresser une équipe de sport ou un individu est un réemploi du mot coaching au sens réussir un examen. Le terme s’est popularisé aux USA dans les années 1950-1960, notamment avec les avancées dans le domaine de la psychologie. Mais une question subsiste, pourquoi avoir utilisé le verbe to coach pour illustrer cette action ?
Les universitaires d’Oxford ont utilisé une image de ce qu’ils faisaient : éduquer. Eduquer (to educate) tire sa racine du latin educare, littéralement conduire hors, élever. Eduquer, c’est élever une jeune personne. Métaphoriquement, développer ses habiletés pour lui permettre de gravir quelques marches sur l’escalier de la connaissance ou de la conscience. L’éducation est un voyage, qui peut parfois se révéler plutôt long. Choisir un véhicule confortable, comme un coach, pour effectuer ce voyage est un choix plutôt avisé !
On appelle le coaching ainsi, car le terme fait référence au coach, un véhicule pour transporter des personnes. Des universitaires d’Oxford ont utilisé cette image au 18ème siècle pour illustrer leur tâche avec les étudiants : les transporter vers un nouveau niveau de connaissance.
Voyage, voyage…
J’aime dire que le coaching est semblable à un voyage, et l’étymologie du mot ne peut que me donner raison. Il s’agit d’accompagner une personne de sa situation actuelle jusqu’à sa situation souhaitée. Le coach apporte une partie des moyens et des outils pour que le voyage se fasse de façon confortable. Toutefois, ce n’est pas le coach qui instigue le voyage, ni lui qui le dirige. L’image du véhicule est représentative de cette volonté d’accompagner les personnes vers leur destination.
Le coach est celui qui vous permet d’avancer plus vite et peut-être plus loin, toutefois il ne fixe pas la destination, ce rôle est dévolu au voyageur. Le « véhicule » dispose néanmoins d’une réserve d’outils. Si le voyageur ne sait pas quel chemin suivre, le coach peut en proposer plusieurs (cartes, boussole, compas) pour aider le voyageur à trouver un chemin vers sa destination.
Vous voilà plus renseignés sur le pourquoi du mot coaching et son lien avec le voyage. Cependant, vous n’êtes pas tout à fait arrivés à destination, il reste une question en suspens…
Coach – le début du voyage
Comment le mot coach est-il arrivé jusque dans les contrées britanniques ? Facile, il a traversé la Manche, ce qui peut sembler incongru pour un véhicule, à moins que celui-ci ne soit amphibie. Et encore plus au 16ème siècle, alors qu’il est tracté par des chevaux. A moins que cela ne soit des hippocampes, bref… Revenons sur le chemin des voyageurs.
Coach vient d’un mot français : coche. Il s’agit d’un de ces nombreux mots qui ont fait un aller-retour au delà de la Manche. Un coche répond à la même définition que le mot coach au 16ème siècle. Il s’agit d\’un véhicule hippomobile à 4 roues, clos, avec des portes latérales. Le mot a disparu dans la langue française courante, bien qu’il en reste quelques vestiges. Vous avez probablement déjà entendu le mot cocher : le cocher est la personne qui dirige un coche. Peut-être avez-vous entendu l’expression « manquer le coche » : le « rater le bus » du 16ème siècle.
Attention à ne pas confondre avec la coche, ou sa cousine l’encoche, qui signifie entaille. La coche d’une flèche est l\’endroit où vient se placer la corde de l’arc. Une coche désigne également l’entaille effectuée sur le comptoir d’un marchand qui vendait son pain ou son vin à crédit (vendre à la coche). La coche subsiste aujourd’hui, dans les écoles ou sur les listes de tâches.
Le coaching ce n’est pas ce qu’Hongrois
Le mot coche viendrait quant à lui du hongrois Kocsi, en passant par l’allemand Kutsche. Kocsi est l’adjectif relatif à une petite bourgade Kocs où a probablement été inventé le premier véhicule nommé coche. Le blason de la localité comporte l’ancêtre du coche.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’un adjectif toponymique donne son nom d’un véhicule. La Limousine, qui désigne dans l’imagination populaire une longue voiture plutôt luxueuse, désigne surtout un type de carrosserie automobile : un véhicule hippomobile avec une cabine complètement fermée, deux banquettes dans le sens de marche et des portes latérales. Un véhicule originaire de la région du Limousin. Tout comme la berline, qui n’est pas étrangère à Berlin.